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Rêves de Dag Johan Haugerud : Norwegian Mood

    Mon adhésion à ce film était presque perdue d’avance : en plus d’être norvégien, il fait partie de cette catégorie de films où l’histoire d’amour qui est racontée est aussi le sujet principal (sinon exclusif) des discussions entre personnages, parti-pris souvent raté et dont il est inutile de rappeler les calamités cinématographiques qu’il a engendrés. Toutefois celui-ci le fait d’une manière singulière, en le racontant par le filtre brumeux du souvenir : cette histoire d’amour qui n’a pas eu lieu est résumée à quelques plans, quelques moments tels que racontés par la jeune fille dans son récit, ménageant une délicieuse mais inoffensive ambigüité sur ce qui s’y jouait exactement. Tout aussi brumeuse est cette photographie d’Oslo et de ses intérieurs qui crée assurément une atmosphère particulière, froide et feutrée. Le meilleur moment en est la traversée presque Rohmerienne de différents quartiers de la ville dont on se dit qu’elle gagnerait à être davantage filmée (ou visitée). Tout cela est très « cohérent » au sens académique du terme, au point qu’on se verrait bien regarder le film en cousant. Il est juste dommage qu’on y perde toute possibilité de scène dans la partie flashback, qui aurait pu donner un peu de chair à cette histoire toute lisse ; et on y gagne au contraire tout un tas de scènes platement narratives dans le présent de l’histoire.

    Tout cela est parfaitement banal, nous résume le saint psy vers la fin. S’il le dit, c’est que le film a conscience de ne pas l’être tout à fait, il ambitionne manifestement de se situer à la lisière du banal, un poil en-dessous ou au-dessus. C’est pour ça qu’il ne raconte rien de substantiel : ni vraiment une histoire d’amour, ni une histoire d’abus, ni vraiment de conflit familial, mais des ébauches de tout ça à la fois. On ne fait que se balader sans déplaisir dans une douce humeur élégamment éclairée, celle de l’indécision adolescente, où « on se sent vide » sans qu’il y ait autour de soi de vrais problèmes auxquels on pourrait imputer ce mal-être. Pour donner de la consistance à ce sentiment vaporeux, peut-être aurait-il fallu dépouiller le film du tout-narratif (notamment cette peu crédible intrigue autour du manuscrit) et laisser l’indécision pénétrer la forme même du film, peut-être aurait-il fallu être Introduction de Hong sang-soo quoi.  

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